Un patrimoine naturel et architectural exceptionnel
Les monuments historiques, au nombre de 43, se répartissent sur l’ensemble du territoire de la Brie des deux Morins : on y retrouve le patrimoine « classique » des monuments protégés (principalement religieux dans le périmètre) mais s’y ajoutent aussi des éléments du patrimoine de proximité.
Trois zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (Crécy-la-Chapelle, Voulangis et Couilly-Pont-aux-Dames), deux aires de valorisation de l’architecture et du patrimoine en cours d’élaboration (à Coulommiers et à la Ferté-Gaucher) et quatre sites classés ou inscrits s’y situent également.
Un patrimoine agricole et vernaculaire
Toutefois, plus que le patrimoine monumental, c’est surtout le patrimoine vernaculaire qui caractérise un territoire apparaissant comme le reflet d’un pays, de ses habitants et de ses activités. Mais ce même patrimoine est bien souvent le moins connu et reconnu. Dans la Brie et deux Morins, le patrimoine vernaculaire est caractéristique tant d’un développement rural qu’industriel.
Le développement rural de la Brie et des Deux Morin a été marqué par les cultures céréalières et l’élevage : ces activités se remarquent encore dans le bâti, à travers la présence de grandes fermes installées sur le plateau central. Isolées et à cour fermée, ces fermes briardes reflètent la grande production agricole.
Les villages alentours accueillaient les employés agricoles dans des bâtiments plus simple (maisons dites élémentaires) souvent organisés autour de cour commune. Outre la culture des céréales et l’élevage bovin, des spécificités plus locales comme le vignoble, la culture du saule ou l’élevage ovin ont laissé des traces dans le patrimoine bâti, notamment dans les vallées. « Usine à lait », bergeries, maisons des rosiéristes ou encore de vignerons sont par ailleurs autant de témoins des anciennes activités agricoles.
Dans tous ces cas, le bâti est souvent ouvragé, jusqu’à la maison élémentaire, et porte de riches modénatures (bandeaux, corniches. . .) ; principalement en plâtre. Ces décors témoignent d’une certaine aisance liée aux grandes cultures.
Les savoir-faire
Le territoire de la Brie et des deux Morin se caractérise par des savoir-faire réputés, pour certains disparus tandis que d’autres toujours vivants sont en perte de vitesse. Entre identité historique et patrimoine immatériel, ils ne sont pas à négliger dans la caractérisation du territoire.
Les filières élevage bovin et production de fromage.
Les fromages de Brie constituent un véritable patrimoine gastronomique et un élément d’identité encore fortement attaché au territoire d’étude de la Brie et des deux Morin.
Les filières pommes et cidres.
La filière cidricole est très ancienne, sa production remontant au XVIe siècle. Un certain nombre de variétés de pomme sont typiques du territoire de Brie : il s’agit notamment des variétés Rousseau, Faro, Belle Joséphine, Lanscailler, Fleuri tard, Barré… Sur le territoire de la Brie, le nombre de producteur de cidre n’a cessé de baisser depuis 20 ans. Aujourd’hui la production de cidre correspond à celle de cinq arboriculteurs (à Saint-Denis-les-Rebais, Verdelot, Choisy-en-Brie, Saint-Cyr sur Morin, Saint-Barthélemy).
Les filières plantes textiles.
Les terres de Brie, aux limons profonds chargées d’humidité, conviennent bien à la culture du lin, plante exigeante, qui peut néanmoins souffrir d’excès de chaleur en été.
A partir de 2007, une filière chanvre s’est mise en place en Seine-et-Marne, sous l’impulsion d’une dizaine d’agriculteurs désireux de diversifier leurs activités. La filière chanvre seine-et-marnaise reste relativement fragile, avec des investissements importants de la part des agriculteurs engagés dans la démarche.
Productions industrielles et artisanales.
Les savoir-faire historique du territoire ont aujourd’hui disparu ou sont en net déclin. Trois activités principales peuvent ainsi être citées : l’activité meulière, la vannerie et l’industrie papetière.
Patrimoine mémoriel.
Outre le patrimoine immatériel lié aux savoir-faire, il ne faut pas non plus négliger le patrimoine mémoriel : territoire de marche médiévale ou les villes fortifiées maillent les terres, il est aussi théâtre de nombreux conflits (Campagne de France, 1814, Bataille de la Marne dans les Vallées de l’Ourcq et du Petit Morin, 1914)…
Un environnement et des paysages préservés
Un territoire engagé pour l’environnement
Les communes du territoire présentent un engagement fort vis-à-vis de la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires.
- 50 % des communes n’ont plus du tout recours à ces produits (zéro phyto total) ou n’y ont recours que sur les espaces à contrainte (terrain de sport et cimetière). Ce chiffre n’est que de 37 % à l’échelle de la région.
- 100 % des communes sont au moins engagées dans la réduction de l’utilisation des biocides contre seulement 77 % en Île-de-France5.
- Par ailleurs, quatorze communes sont signataires de la charte régionale pour la biodiversité. Plusieurs zones de préemption au titre des Espaces Naturels Sensibles (ENS) ont par ailleurs été instaurées sur des secteurs porteurs d’enjeux relatifs à la biodiversité ou au paysage. Ce dispositif a pour objectif de concilier la préservation de secteurs fragiles avec l’ouverture au public. Cinq ENS d’oreset- déjà ouverts sont présents sur le territoire d’étude à savoir : le site du bois de la Barre et celui du bois de la Bergerette au niveau des boucles de la Marne, le site du bois de Doue, le site du Val du Haut Morin (La Ferté-Gaucher) et le site de la frayère du marais (Crécy-la-Chapelle / Couilly-Pont-aux-Dames). Ce dernier est par exemple constitué d’une zone humide qui présente des intérêts botanique, entomologique et ichtyologique. Initialement aménagé pour servir de frayère à brochet, le site comprend également un chemin aménagé en plein cœur de la zone. Une part importante des espaces de préemption au titre des ENS recensés sur le territoire d’étude est située dans la basse vallée du Grand Morin.
L’étude des unités paysagères de la Région a défini de grands ensembles de paysages, ou pays, dont la Brie est un des plus évidents, délimitée par les vallées de la Marne et de la Seine, et par la côte de l’Île-de-France en Champagne. Au sein de la Brie, la partie nord-est, à laquelle appartient le territoire d’étude (et qui s’étend aussi sur les départements de l’Aisne et de la Marne), forme une grande sousrégion que l’on appelle Brie laitière : c’est en effet celle où se pratiquait traditionnellement l’élevage laitier produisant le fromage de Brie, et qui conserve une part plus importante de cet élevage que d’autres secteurs de la Brie.
Cet élevage marque cependant peu le paysage, car il se pratique depuis longtemps principalement à l’étable. Une autre appellation traditionnelle de la Brie laitière est la Brie des Étangs, en référence aux nombreux étangs liés à un sol argileux imperméable, qui ponctuaient ce territoire avant les drainages et qui ne subsistent plus qu’à la pointe nord-est de la Brie, entre la vallée de la Marne et celle du Surmelin, donc en dehors de l’aire d’étude.
L’étude d’opportunité et de faisabilité a mis en évidence sur le territoire d’étude des paysages riches et diversifiés, que l’on pouvait regrouper en 13 unités paysagères. Avec la réduction du périmètre d’étude, 11 unités sont concernées, qui sont les suivantes, du nord au sud :
- Collines de l’Orxois
- Vallée de la Marne
- Plateau de Bussières)
- Vallée du Petit Morin
- Plateau de Rebais
- Vallée urbaine du Grand Morin
- Vallée du Grand Morin aval
- Vallée du Grand Morin amont
- Forêt de Crécy
- Plateau de Choisy-en-Brie
- Vallée de l’Aubetin
Une faune et une flore méconnues
Ce territoire comporte des enjeux élevés pour de très nombreux groupes taxonomiques (La note en annexe détaille les enjeux pour les principaux groupes concernés (oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, agnathes, bivalves, mollusques, odonates, papillons de jour chiroptères et autres petits mammifères).
Plusieurs habitats et espèces floristiques d’importance régionale ou européenne s’y retrouvent, en particulier des cortèges inféodés aux milieux frais et ombragés. La forte densité de Chevêches d’Athéna et de Piesgrièches écorcheurs y sont remarquables. L’hermine semble encore présente dans plusieurs communes, et le chat sauvage est à y rechercher.
La présence de populations d’importance régionale de Sonneurs à ventre jaune et de Couleuvres d’Esculape, ainsi que la richesse des mares prairiales pour les diverses espèces de tritons, en font un secteur de grande patrimonialité pour l’herpétofaune.
Le cortège des papillons y est original et le territoire accueille le bastion régional du Cuivré des marais, du Cuivré fuligineux et de l’Azuré des Anthyllides. Les vallées accueillent une richesse encore insuffisamment recensée en ce qui concerne l’entomofaune, mais la présence de nombreux odonates rares tels que l’Aeshne paisible et le Cordulegastre annelé témoignent de leur intérêt écologique (et de leur bon état de conservation ?).
Les populations de Lamproies de Planer et de Chabots y sont florissantes, les Mulettes épaisses sont présentes localement y compris en dehors du site Natura 2000 du Petit Morin, et le Cincle plongeur y occupe son seul site de nidification francilien.
Fragilités et menaces identifiées
Il existe donc plusieurs altérations, toutes plus ou moins liées à une pression urbaine, mais relativement discrètes et qui peuvent être traitées :
- Abords négligés des éléments patrimoniaux
- Secteurs de « cabanisation »
- Extensions d’habitat individuel
- Réseaux aériens
- Bâti d’activités
- Voirie en zone d’activités
Ces altérations peuvent être traitées dans le cadre d’un « Plan d’actions paysagères », ou « Plan de reconquête paysagère » sur l’ensemble du territoire, avec un focus particulier sur la basse vallée du Grand Morin (voir fiches pp. 61 sq. ci-après). Les réponses sont de deux ordres :
- Traitement des situations actuelles par des mesures opérationnelles d’aménagement paysager, qui peuvent mettre en valeur ou restaurer;
- Anticipation des situations futures par les documents d’urbanisme.
Des eaux souterraines fragilisées
Du fait de sa protection naturelle variable et des fortes pressions qui s’y exercent, les nappes du Tertiaire sont parmi les plus dégradées d’Île-de- France en ce qui concerne la pollution par les nitrates et phytosanitaires (au deuxième rang des masses d’eau les plus dégradées par les nitrates et au premier rang des masses d’eau les plus concernées par les dégradations très importantes dues aux triazines).
L’objectif d’atteinte du bon état a donc été reporté à 2027. Les zones pour lesquelles les nappes souterraines présentent une sensibilité accrue sont les vallées du Petit Morin, du Grand Morin et de l’Aubetin, le bassin amont du Petit Morin (jusqu’à Verdelot) et plus particulièrement au niveau de Montdauphin, Montenils et Montolivet, la totalité du bassin de l’Aubetin et plus particulièrement la partie amont karstique (au niveau de Dagny).